Wow, cela faisait tellement longtemps. Je ne saurais dire à quand remonte la dernière fois. La dernière fois où j'ai ressenti une émotion si forte en finissant un jeu, heureux d'avoir vécu une belle aventure et en même temps triste de quitter un monde où je me sentais bien. J'aimerais qu'une suite m'apparaisse tout de suite entre les mains pour y retourner sans attendre.
Cette terre magique où je me suis complètement perdu, le temps de quelques heures, c'est Tanglewood messieurs dames. Production du studio Big Evil Corp financée grâce à une campagne participative Kickstarter, le jeu vit le jour en 2018 sous la forme d'une belle édition physique pour Mega Drive et d'une rom téléchargeable. Aujourd'hui, c'est au tour de l'Evercade de l'accueillir dans sa ludothèque et nous ne pouvons que nous en réjouir tant ce titre est une pépite. Si vous avez besoin de souffler et de réveiller le Peter Pan qui est vous, lancez donc Tanglewood.
Nous sommes Nymn, petit renard de son état, et dormons tranquillement roulé en boule sur une branche quand quelque chose vient troubler la plénitude du moment. Un scintillement fait son apparition, semblable à une petite étoile, et se met à flotter doucement vers nous. À notre approche, le joli scintillement se métamorphose en une hideuse créature toute faite d'ombre et de dents et arborant des yeux rouges comme les Enfers. Cette apparition horrible reste là, sans bouger, à nous regarder dormir. Flippant. Au bout d'un instant, elle décide enfin de s'en aller et le soleil pointe le bout de son nez. Notre Nymn se réveille, totalement inconscient de se qui vient de se passer, et nous voilà in-game. N'espérez aucune indication quant à la marche à suivre. Au joueur de partir en exploration afin de comprendre quoi faire. J'ai trouvé ça plutôt cool.
Dans la superbe notice en couleurs nous détaillant les ennemis, les alliés, les pouvoirs et j'en passe (ah, l'Evercade...), il nous est expliqué que nous avons pour but de retrouver notre maison et que si la forêt est pleine de gentils animaux pendant la journée, la nuit c'est une toute autre histoire. Quand la lune prend ses quartiers, de grands dangers menacent l'aventurier imprudent. Fin du synopsis, à vous d'aller au bout voir de quoi il retourne. Je me permet de dire que le voyage vaut le détour et qu'il sera riche en émotions et étonnantes rencontres, pour peu que vous vous laissiez happer par l'ambiance.
Regardez-moi ce feuillage |
Une féerie de pixels
Bien entendu, la première chose qui frappe en lançant Tanglewood c'est sa réalisation. Les développeurs se sont surpassés pour nous emmener dans cet univers bucolique et envoûtant, ce sont exactement les termes qui conviennent. Une fois que nous avons mis les pieds dedans, nous voulons absolument en découvrir chaque recoin.
Commençons par LE personnage principal du jeu : la forêt. Elle est de toute beauté. Le pixel-art à son paroxysme et une colorimétrie juste parfaite. Voilà tout. Réellement, le choix et la répartition des couleurs sortent tout droit d'un rêve. D'un rêve d'enfant qui vit encore dans la croyance de choses mystérieuses et merveilleuses. En plus de cela, les décors se permettent d'être variés. Quel travail.
Passons au skin design. Là encore, Big Evil Corp fait fort. Notre renard est tout mignon et superbement animé. Nous le regardons faire ses cabrioles avec tendresse et nous nous attachons vite à notre petit avatar des bois. Et les autres animaux ? Fantastiques. "Promenons-nous dans les bois, pendant que le loup n'y est pas…". Effectivement pas de loup, mais des Djakk, sorte de sangliers de toutes tailles et tous enragés. Même les écureuils, ici appelés Scirus, deviennent une petite chose hérissée et agressive à notre approche. Je vous laisse le soin de découvrir l'animal le plus dangereux de tous… Quand on vous dit que la nuit la forêt est dangereuse. Visiblement, les animaux sont sous la coupe d'un maléfice les rendant furieux.
La patte graphique de Tanglewood à quelque chose de plus, d'unique. Quelque chose de Disney. C'est vrai que les graphismes rappellent un peu les jeux Aladdin et le Roi Lion. Il faut que j'arrête un peu de clôturer mes paragraphes par un adjectif mais là… Somptueux.
Alors ? |
Ce qui est aussi très apaisant, lorsque nous nous balladons en forêt, ce sont les bruits. C'est pareil en jeu. Si parfois une douce musique nous accompagne, s'énervant quand nous avons un ennemi aux fesses, la plupart du temps nous n'aurons droit qu'aux bruits forestiers, ce qui est très reposant pour l'esprit. Les pépiements d'oiseaux, le vent dans les arbres… Nous sommes bien. Les thèmes musicaux proposés sont raccords avec l'ambiance et les bruitages parfaits pour l'immersion.
Voici pour la réalisation du soft. Ce sont des jeux comme celui-là que nous voulons en 2021. Des productions qui nous fassent rêver et nous emmènent loin de la routine, du travail à l'usine, des informations anxiogènes… Une partie de Tanglewood c'est l'équivalent d'une marche en forêt. Ça vide la tête, détend et l'on se dit qu'au final tout ne va peut-être pas si mal.
Roule, petit Fuzzl |
Le corbeau et le renard
Si le corbeau de La Fontaine avait eu les capacités de Nymn il aurait eu vite fait de récupérer son fromage. La maniabilité est intuitive et on se retrouve au bout de quelques secondes à sauter de branche en branche. Notre renard est très maniable. De plus, il pourra entrer en connexion avec une espèce de boule de poils appelée Fuzzl et qui nous octroiera au passage un peu de sa magie pour un court laps de temps, mais seulement après l'avoir fait rouler jusqu'à son nid. Il existe différents types de Fuzzl : les jaunes permettent de planer, les bleus pour stopper le passage du temps, les verts pour dompter les animaux et les rouges qui permettent de faire fonctionner des mécanismes. Il y'a bien d'autres secrets et particularités à découvrir mais je vous laisse faire.
Le level-design est formidablement pensé. Il faut fureter partout pour comprendre comment avancer. Une succession d'énigmes avec leur lot de mécanismes à résoudre en évitant les bêtes sauvages. Il suffit d'en toucher une, de l'énorme Djakk (connaissez-vous le film Razorback ?) au petit Scirus, pour mourir instantanément. À chaque game over, le joueur respawn juste avant l'énigme en cours. Réellement, l'ambiance est telle que même les moments "die and retry" sont passés sans m'entendre rager. Dans chaque niveau, il y'a huit petites flammèches à récupérer. Je ne peux pas vous dire ce qu'il se produit lorsque nous les avons toutes car j'en ai loupé quelques unes. D'ailleurs, je me demande bien ou elles sont car j'ai l'impression d'avoir été minutieux. En finissant le titre pour la première fois, nous débloquons la sélection de niveaux, ce qui me permettra d'aller à la chasse aux flammèches.
Vous l'aurez compris, de la réalisation au gameplay, rien n'est à jeter dans ce Tanglewood.
Réellement, les jeux vidéos me font vivre des émotions très fortes. Bien que j'ai moins d'attrait pour les graphismes modernes très réels, peut-être cela est-il dû à ma passion du graffiti ou simplement à la nostalgie, ceux des jeux rétros me plongent dans un délire aussi intense qu'une nouveauté faite avec un moteur graphique 3D de malade. Pour exemple, je découvre en ce moment la cartouche Oliver Twins Collection sur mon Evercade, presque que des titres nous faisant vivre milles aventures avec Dizzy (l'oeuf avec un chapeau), et je suis mais alors à fond dedans, bien que ce soit même (j'y pense maintenant) la seule cartouche exclusivement 8 bits de la console. Tout ça pour vous dire que j'aime les jeux dans leur généralité mais que la bonne vieille 2D restera mon premier amour. Tanglewood vient encore étayer cet état de fait. Grandiose. Faites-le et vous irez mieux, c'est le docteur O'Reilly qui vous le dit.
Peace.
O'Reilly
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